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Depuis tout ce temps

Publié le par danslesyeuxdetanh

Depuis tout ce temps

L'envie m'a cueillie au saut d'un dimanche matin. L'heure était encore grise, le vent frais et les pies bruyantes. Les pieds de l'homme couché à mes côtés s'agitaient déjà, prêts à faire tout un tas de choses qui me donnaient le tournis. C'était un matin d'été qui ressemblait à l'automne, comme c'est souvent le cas dès que le quinze août est passé et que les longues listes de choses à faire "avant" reprennent place sur la porte du frigo.

Au début je n'étais même pas sûre d'en avoir envie. Qu'aurais-je à dire ? Y aurait-il encore quelqu'un de l'autre côté pour lire ces lignes ? J'ai remonté la couverture sur moi et attendu que l'envie passe. Elle ne s'est pas enfuie. Elle est restée, boudinée dans sa robe de mots prêts à jaillir, engoncée dans ses phrases qui toquaient derrière mon front.

Alors, sur la pointe des doigts j'ai commencé.

Bien sûr que depuis tout ce temps il s'est passé des tas de choses. Il y a eu des pleurs et des rires, des doutes et de la confiance, de l'espoir et du courroux, il y a eu du doux et des cris, des sourires, des mains frottées les unes aux autres et des coudes serrés, des baisers par milliers et des soupirs aussi. Il y a eu la vie toute entière. Les amis, la famille, des maisons visitées, des inconnus rencontrés. Il y a eu les longues listes de mes envies pour retrouver la bonne, et les fous rires pour alléger le tout. Il y a eu des robes blanches, des grosses dents, des centimètres supplémentaires dessinés sur le mur de la chambre, des questions existentielles, des kermesses, des "très bien" écrits en rouge en haut de pages de fichiers de CP, des planches de surf, des études commencées et d'autres terminées, la fierté de les voir grandis, leurs envies qui ne sont plus les nôtres, leur énergie à vivre, leurs rires étouffés par le chant des vagues, des châteaux de sable, des bougies allumées, des brasses et des dos crawlés, les ailes que C m'a offertes à l'occasion de son mariage, une photo de Bordeaux et un mot de Tarnos. Des cartes géographiques pour connaître la position et des GPS pour prendre la bonne direction. Même si le vent est fort et la mère agitée.

Il y a eu la certitude que rien n'est jamais certain et surtout pas la façon de vivre la vie.

Il y a eu des mots écrits. Ailleurs. Parce qu'il est impossible d'arrêter d'écrire quand le pli est si bien pris. D'autres histoires qui naissent et existent malgré le temps perdu dans le trajet entre ma tête et le bout de mes doigts, d'autres horaires d'écriture, d'autres tables pour coucher les mots, d'autres lecteurs, l'inquiétude de savoir si c'est bien ou pas et la solitude au milieu de tout ça. Heureusement, il y a toujours le soleil qui se lève face à moi.

Alors, même si de temps en temps, l'angoisse me prend et me coupe le souffle. Même si parfois mon regard erre sur ces murs de pierre que j'ai tant aimés, même si parfois des questions qui commencent par "pourquoi" ou bien "quoi" me font perdre l'équilibre, même si le flou est là toujours quelques centimètres devant moi, j'avance.

Tout comme vous.

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C
Envie de passer te voir ce soir et le plaisir de lire ces mots du mois d'aout. <br /> Je pense si souvent à vous, à notre visite... des moments gravés <br /> Je t'embrasse fort
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C
De passage aussi,par hasard ...<br /> <br /> Surprise et ravie
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T
Depuis quelques jours, je pensais à toi et à ta jolie famille. Je me demandais ce que vous deveniez. Je suis donc passée voir par ici, à tout hasard. Et quel plaisir de voir ces mots couchés sur le papier (enfin presque).<br /> <br /> Bises
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S
Passer par hasard et te retrouver intact le même plaisir...<br /> Quel bonheur de te lire de nouveau<br /> Séverine
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F
Je venais de temps en temps par ici .....<br /> Quel plaisir de retrouver tes ses jolis mots !
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