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la cabane

Publié le par danslesyeuxdetanh

 

 Premières neiges 032

Elle est accrochée à l’acacia. Tout au fond du jardin. C’est la cabane au fond du jardin. La cabane du coiffeur. Je la regarde subir les affres de la pluie, les attaques du vent, la froideur de la neige, chaque matin quand, assise à la table du petit déjeuner, mes yeux vagabondent au dehors.

Ils s’étaient levés un matin. En avril ou en mai je ne sais plus très bien. Ils avaient décidé que c’était le jour idéal pour la construction de cette cabane tant attendue. Celle que son papa n’avait pas pris le temps de lui construire quand il était encore un tout petit garçon. Elle a d’abord pris vie sur un bout de papier. Griffonnée à plusieurs mains il fallait qu’elle soit suspendue. Pas très haut, mais suffisamment pour que les rêves se fassent légers. Suspendue, avec une échelle pour monter dedans. Et une fenêtre en forme de cœur. Et une corde pour descendre en rappel si jamais il fallait fuir le plus rapidement possible. Toute la journée j’ai entendu les recommandations et les mises en garde, les coups de marteau et les rires. Ce midi là je me souviens qu’il avait fallu que j’agite la cloche plusieurs fois de suite pour qu’ils daignent m’honorer de leur présence. Arrivés à table ils en étaient rapidement ressortis pour poursuivre leur œuvre.

Depuis tout ce temps, elle en a vu des histoires la cabane, vaillamment accrochée à l’acacia. Des histoires d’espions ou de militaires, des jeux à chats perchés ou des course de trap-trap. Elle a du voir des disputes et des gros chagrins, quand assis sur le sol, à quelques centimètres de la terre ferme les résolutions se font plus légères et les rêves vibrants. Elle a accueilli pour une nuit deux petites filles à l’aube de devenir des demoiselles, juste avant que leurs jambes ne prennent leur envol et ne puisse plus se plier en quatre pour entrer dans la cabane. Avant elles, se fut deux petits gars qui étaient rentrés avant que le jour ne pointe son nez.

Depuis quatre mois, la cabane attend de reprendre du service. PetitCoeur n’est pas encore monté dedans. Les 6 marches qui le séparent du sol semblent s’envoler si haut que chaque jour, j’attends encore quelques jours. C’est la faute de la pluie qui tombe sans discontinuer, étalant sur la robe de la cabane un voile gris. Alors j’attends quelques jours.

Dans quelques jours, tu verras, il ira graver le T de Tanh au dessus de la fenêtre en forme de cœur. Il fermera la trappe pour empêcher quiconque d’interrompre ses rêveries. Ses petites jambes passeront de tout leur long sur le sol en bois et son visage prendra place au milieu du cœur. Il ne me verra pas quand assise sur la terrasse je le surveillerai du coin de l’œil, bien trop loin pour que ses yeux à lui ne me voient. Dans quelques jours tu verras la cabane construite par trois enfants et un papa, cette cabane dont les rapports pour l’agrément parlaient, reprendra du service et avec elle tous les rêves d’enfants qu’ils avaient fomentés, assis bien à l’abri du grand acacia.


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Comme elle est jolie cette cabane, je cois que tous les enfants du monde ont rêvé d'avoir un endroit comme ça, juste pour eux...<br /> Bisou à votre petitcoeur<br /> Manon<br /> http://manon-stephan-notrehistoiredadoption.blogspot.ca/
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C
Une cabane de rêve dont, je crois, nous avons tous rêvé enfants et qui me fait toujours rêver. J'espère que Tanh se rétablit bien. Bises
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K
Rhola la cabane... je trouve que c'est peut-être LE plus beau cadeau à offrir à un enfant...<br /> <br /> Ici, on est un peu perchés (mentalement aussi, diraient certains qui ot bien raison ;) au 5e... et une nacelle en tissu , sorte d'ersatz, qu'on a quand même réussi à accrocher sur notre minuscule<br /> balcon...<br /> <br /> Et décidément il ben de la chance ce petit garçon ;)
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