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Nostalgie #2

Publié le par danslesyeuxdetanh

 

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Acte 3 scène 1 : Nous sommes dans la voiture de Jean, notre guide qui n’en n’est pas un. ChériChéri est monté à l’avant. Nous sommes 4 à l’arrière. Serrés les uns contre les autres. Nos épaules se touchant à chaque ressaut de la route. Les scooters et les klaxons nous accompagnent. Nous partons pour BaVi. La campagne. Mes yeux s’attardent sur les trottoirs où la vie s’est installée. Où la cuisine se prépare. Sur la vapeur qui s’élève au dessus des marmites. Sur les trottoirs où les clients ont pris place sur de petites chaises en plastique. Mon regard se pose sur les enfants qui jouent au plus près des scooters et des voitures qui roulent au pas. Ils portent pour la plupart des bonnets et de gros blousons. Je ne suis pas la seule à avoir froid. Pourtant il fait 19°. Ce n’est vraiment pas une température polaire. En s’éloignant par de grandes avenues nous croisons des buildings majestueux et des villas parfois somptueuses. En s’éloignant on arrive sur des routes cabossées, bordées de rizières noyées d’eau. Je sais que je garderai cette image au cœur. Ce vert intense. Ce ciel toujours laiteux. Ce bruit qui s’insinue à mes oreilles. Le tam-tam de mon cœur.

Acte 3 scène 2 : Un grand bâtiment jaune un peu défraichi entouré de grilles bleues flambant neuf. Personne dans la cour d’honneur. Juste un bassin où nagent quelques poissons rouges. Jean s’est éloigné nous laissant seuls au milieu de la place. Bizarrement le ciel est bleu, le soleil a décidé de venir nous rejoindre. Plus de klaxons ni de scooters. Plus de voiture. Le silence qui règne ici est apaisant. Aucune odeur de nourriture. Pas de cris d’enfants non plus ce qui nous paraît étrange. Des ouvrières sont en train de monter un mur. Quelques rires fusent. Bizarrement je retiens de ce moment le silence. Juste le silence. Comme si mes oreilles avaient décidé de ne rien entendre. Soudain un petit garçon arrive sur le dos d’un homme. Le reste est une autre histoire.

Acte 4 scène 1 : C’est le premier soir où nos familles sont complètes. Nous ne connaissons encore rien de nos enfants. Nous aimerions leur faire plaisir en les emmenant diner dans un restaurant calme pour faire connaissance. L’accueil de l’hôtel nous envoie dans un restaurant voisin. Calme ? Oui madame. Pour les enfants ? Pas de problème Madame. Bon ? Bien entendu Madame. L’air est plus lourd que la veille. Une foule compacte déambule encore, bien que la nuit soit tombée depuis deux bonnes heures déjà. Arrivés dans le restaurant pas de calme. Du monde partout. Des discussions incessantes. On nous installe sur un balcon. Au dessus de l’avenue. Impossible de parler. Impossible de s’entendre. Impossible de se faire entendre et comprendre des serveurs qui se succèdent à notre table. Notre premier repas sera court. Nous rentrerons silencieux. Un peu déçus de ce premier rendez-vous manqué. A la queue leu leu. Notre sommeil sera entrecoupé des bruits de klaxons qui ne s’arrêtent jamais. Pas même à 3h du matin, ni à 5. Ils reprennent de plus belle à 6h. En même temps  que la vie qui reprend son cours.

Acte 4 scène 2 : Nous avons décidé de laisser dormir nos loulous et d’aller nous promener avec Tanh. Nous avons besoin de nous retrouver tous les trois et de découvrir son pays. Nous nous enfonçons dans la ville. Le battement de son cœur est fort. Partout du monde, des cris, des vélos nous frôlent, nous faisant sentir que nous n’avons rien à faire ici. Des scooters klaxonnent pour que nous les laissions passer. Mais les trottoirs sont remplis de restaurants qui nous paraissent improvisés et qui pourtant sont bel et bien installés là où nous devrions pouvoir marcher. Nous croisons des touristes à casquettes qui nous demandent leur chemin. Je m’amuse à imaginer qu’ils pensent que nous sommes d’ici.

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