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L'intendance bonheur
Elles approchent. Il me semble qu'elles le font à pas de fourmi, mais sur le calendrier enfantin accroché à la poutre, je le vois bien: elles approchent. J-8.
Nos dernières datent de notre voyage à Hanoï. 18 mois. S'il est possible d'appeler ce moment "vacances". Un temps où nous n'avons rien fait d'habituel, où nous n'étions pas à notre poste, mais un temps qui n'avait rien de reposant et qui était finalement bien loin de ce qu'on appelle habituellement "vacances".
J'ai un peu le trac, comme quand on s'apprête à faire quelque chose d'inhabituel. Comme le jour où je me suis assise pour la première fois, seule, derrière le volant de la Honda grise. D'ici 8 jours, saurais-je à nouveau ne rien faire? Laisser le temps au temps? Saura t-il couper le lien qui le retient au travail? Trouverons-nous un modus vivendi qui convienne à toute la maisonnée? Retrouver nos rires?
En ce moment, mon dos se rebelle, mon épaule droite se bloque, ma jambe droite se veut solidaire du dos et de l'épaule. Ils semblent à eux trois vivre leur vie en totale autonomie sans jamais imaginer ce que j'endure. Rester droite. Marcher correctement. Bouger souplement l'épaule droite. Je me sens vieille à l'aube de mon anniversaire. Ou alors ai-je un problème avec la droite. J'avale de petits cachets rouges sensés m'apporter une nouvelle souplesse, je feuillète des catalogues de salles de sports sensés me donner envie de bouger mon corps. Je me perds en conjecture: pilates, zumba ou steps alors que jusque là la méditation me suffisait, elle a semble t-il atteint ses limites.
Je ne peux m'empêcher de penser qu'il s'agit sans doute des dernières vacances que nous passerons à 6. Je les voudrai magiques. Inoubliables. Alors je me freine: ne pas idéaliser et laisser venir les choses. L'année prochaine les plus grands travailleront et il serait très étonnant qu'ils arrivent à avoir ces deux fameuses semaines de vacances en même temps que nous. Ne pas obscurcir ce qui n'est pas encore, et laisser venir. Etrange exercice en vérité.
Je m'active dans l'intendance bonheur: astiquer, ranger, préparer, enjoliver. La maison ne reste pas seule. D'autres enfants vont la parcourir et remplir de leurs rires les couloirs et le jardin, une autre maman va répandre de bonnes odeurs dans la cuisine, un autre papa va faire entendre sa grosse voix quand il sera l'heure de dîner et que les enfants seront encore au jardin. La maison ne reste plus seule, ça ne lui vaut rien. Chaque année une famille pose ses valises et investit de sa vie la nôtre. Je veux croire que ces moments passés ici leur laissent de bons souvenirs. J'espère qu'arroser le potager, donner à manger aux chiens ne sera pas oublié. Pour eux, je prépare le carnet "secrets de maison", pour qu'ils passent le plus agréable des moments. Pendant que nous investirons nous mêmes la maison d'une autre.
Merci Agathe pour cette si jolie expression que l'intendance bonheur plutôt que ménage.
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